Regardons à l’origine des choses, puisque nous avons la chance de pouvoir porter nos regards sur la naissance de la véritable Église. C’est dans le livre des Actes que nous en avons la meilleure définition:
«Et la multitude de ceux qui avaient cru était un coeur et une âme; et nul ne disait d’aucune des choses qu’il possédait, qu’elle fût à lui; mais toutes choses étaient communes entre eux… et une grande grâce était sur eux tous. Car il n’y avait parmi eux aucune personne nécessiteuse; car tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, et apportaient le prix des choses vendues, et le mettaient aux pieds des apôtres; et il était distribué à chacun, selon que l’un ou l’autre pouvait en avoir besoin» (Actes 4:32 à 35).
Cela a-t-il quelque chose à voir avec l’église que nous connaissons ? Si oui, alors tout est bien; si non, il nous faut réfléchir et ne pas faire l’économie de certaines interrogations. D’aucuns prétendront peut-être que ces temps anciens sont révolus, mais cela reviendrait à envisager que le dessein de Dieu pour l’Eglise a changé : Il aurait décidé de donner la force, la vie et l’autorité seulement à l’Eglise originelle, en prévoyant pour l’Eglise ultérieure une sorte de sous-condition … Qu’en pensez-vous ? Y aurait-il eu érosion de l’intention divine ?
Nous assistons dans le livre des Actes à un regroupement de personnes dont les cœurs paraissent entièrement dédiés à la cause de l’amour et de la vérité. Ils semblent vivre hors du monde et des principes qui sont partagés par le commun des mortels : la possession, la sécurité de la vie, la construction et l’assurance de leur avenir, toutes choses pourtant légitimes auxquelles ils ont renoncé.
Il serait sans doute abusif, et même dangereux, de voir dans cette attitude la cause du déclenchement de la puissance de Dieu sur eux, car certains mouvements religieux ont institué en règles le partage des biens, sans jamais entrer dans la gloire de l’église originelle.
Nous appelons aujourd’hui «Église» tous ceux qui se rassemblent pour chanter, louer, prier, entendre la Parole de Dieu. Et cela fait de nous de bons candidats pour constituer l’Église biblique, celle de l’intention divine, la fiancée, la parfaite (Cant. des cant. 5/2). Mais « revêtir Christ » va plus loin que les pratiques religieuses. Ceux qui regardaient l’église de Jérusalem n’osaient pas s’y mêler (Actes 5/13), car quand on en faisait partie, notre vie devenait « folle », et ces hommes et ces femmes hissaient leur existence à un niveau céleste, sous la poussée du Saint Esprit en eux, hors du temps et de la logique de l’esprit du monde.
Il est intéressant de noter que, de la même manière que le mot servant à définir «l’église» a perdu son sens originel, ainsi également la signification profonde de la présence et de la mission de l’Église dans le monde a changé. En effet, le mot «église» vient du grec «ekklésia» qui signifie «rassemblement» de personnes. Mais la signification de cette réalité spirituelle puissante est devenue graduellement celle d’un lieu et d’un bâtiment. Même dans la sphère évangélique, nous allons «à l’église». De quelle église faisons-nous partie ? Avons-nous été unis à «l’assemblée des premiers-nés, l’assemblée universelle» (Hébreux 12:22), ou évoluons-nous dans les étroites limites de «notre» église ?
L’Eglise – l’Assemblée – est un ensemble de personnes appelées «hors de», c’est là le sens de la racine du mot «ekklesia» (du verbe kaleô: appeler hors de). Tel est le socle de la pensée de Jésus, lorsqu’il dit : je bâtirai mon église (Mat. 16/18): j’appellerai «hors de» mes adorateurs pour construire mon église.
Nous sommes appelés hors du monde, hors de la mort de l’incrédulité, hors de l’empire de la chair, des lois de la pensée naturelle, qui est charnelle, diabolique (Jacques 3/15), HORS DU PÉCHÉ ! Etes-vous «sortis hors du camp», portant sur vous la honte que le monde inflige à ceux qui prennent le nom de Christ ? (Héb.13/13).
C’est une confession pleine de force que de dire «je fais partie de l’Eglise». C’est là que le Seigneur veut amener ses appelés : «et vous, comme des pierres vivantes, vous êtes édifiés pour former une maison spirituelle, un sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ» (1 Pierre 2:5).
«Et nous sommes sa maison, si du moins nous retenons ferme jusqu’au bout la confiance et la gloire de l’espérance» (Hébreux 3:6). Et cette maison sera appelée «une maison de prières» (Mat. 21/13 – Es 56/7).
On ne fait pas partie de l’Église par une acceptation de règles, d’un code de conduite communautaire, d’une philosophie, d’un livre saint, ou même par le baptême d’eau. C’est le baptême du Saint-Esprit qui nous fait entrer dans l’Église, parce que cette union à Christ nous attire hors du reste «Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Cor. 12:13).
Sans cette union à Lui, point d’union possible de l’église. Nous tenterons des assemblages, nous porterons nos efforts vers des amalgames, nous dresserons des échafaudages, parfois savants, mais qui ne résisteront ni aux tensions, ni aux orgueils, ni à l’épreuve du temps. Car le seul ciment de l’Église, c’est l’amour de Dieu répandu dans notre cœur, et qui nous unit les uns aux autres, le reste relève d’une forme d’imitation :
«C’est de lui, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifie lui-même dans l’amour.» (Éphésiens 4:16).
Beaucoup de croyants sont entretenus dans l’illusion qu’ils sont entrés dans la glorieuse Eglise de Jésus-Christ. Devant la description de l’église originale, nous comprenons mieux le niveau de gravité de cette illusion; car on peut faire partie d’une église physique sans pour autant connaître la réalité spirituelle de la véritable Église de Jésus-Christ, qui EST VIVANTE.
Le pire danger qui guette l’église en effet (et ceux qui y évoluent), c’est celui de passer pour être vivante, alors qu’elle est morte (Sardes, Apoc. 3/1). Ce cas démontre à lui seul que ce schéma peut exister. Personne ne voit que cette congrégation est morte, sauf Dieu. On continue à la faire bouger, à l’activer, à lui faire suivre des programmes, mais elle n’enfante pas la vie. Elle n’est certes pas stérile de messages, ni d’activités, ni même de certains fruits, mais elle ne contient plus LA vie. La vie qui secoue, qui convainc de péché, qui fait tomber les écailles des yeux, qui remet tout en question, qui provoque une révolution intérieure.
Si notre vie, notre philosophie de vie n’est pas séparée de l’esprit du monde, si notre force, notre foi, notre morale, nos principes spirituels sont solubles dans les pensées du monde, dans la sagesse de l’homme, de l’orgueil de la chair, et si la folie de la croix ne fait aucunement partie de notre vie, alors nous devons nous poser la question : De quoi sommes-nous donc sortis ? Et «en quoi» sommes-nous donc entrés ?
Le Seigneur Jésus-Christ a donné Sa vie pour l’ensemble d’un grand dessein céleste, plein de puissance et de force: Son Eglise, l’Épouse qu’Il s’est choisie. Si nous voulons marcher dans de glorieuses traces, imiter les saints qui ont recouvré leurs morts, guéri de leurs maladies, parlé avec Dieu sur les montagnes, pillé les prisons de l’ennemi, abattu les géants, alors entrons dans cette église-là, ou prenons conscience d’un cœur droit que nous avons encore à y pénétrer. Et à faire ce qu’il faut parce que c’est à nous que cela incombe.
Jérôme Prekel©www.lesarment.com