Blog de confession chrétienne évangélique traitant de sujets relatifs au salut, à Israel, la fin des temps,les prophéties bibliques, la sanctification, doctrine chrétienne
Le premier commentaire (de cet article) parle d'un livre publié aux éditions ŒIL dont les extraits proviennent du livre "le christ hébreu" de Claude Tresmontant.
Le deuxième commentaire (en projet) rapporte le livre des auteurs David Bivin et Roy Blizzard Jr et leur livre "Comprendre les Mots difficiles de Jésus"
Le philosophe Claude Tresmontant en publiant en 1983 le Christ Hébreu, entendait montrer que les Evangiles, avant d'avoir été rédigés en langue grecque, avaient été composés en hébreu peu de temps après la mort et la résurrection du Messie.
Ce qui allait à contre-courant de l'opinion la plus répandue parmi les exégètes et théologiens qui situaient la rédaction des Evangiles entre les ans 65 et 120. Si l'Evangile de Luc par exemple avait été écrit en grec à la fin du 1er siècle, il y aurait eu un commentaire, au moins une remarque sur la destruction du temple une trentaine d'années auparavant. Cet Evangile ignore la prise de Jérusalem, les massacres par Néron, la mise à mort de Jacques. La zone de probabilité pour la composition de cet Evangile paraît être entre 40 et 50 après JC.
En France le Père Jousse avait le premier suggéré l'idée d'une rédaction antérieure des Evangiles. C'est la voie qu'à empruntée Claude Tresmontant en s'appuyant sur sa parfaite connaissance des langues anciennes (hébreu, grec, latin) ... "c'est à cause de cela que nous pouvons, nous, en cette fin du XXe siècle, démontrer que nos quatre Evangiles grecs sont de part en part, de bout en bout, des traductions faites à partir de documents écrits hébreux antérieurs.
Quelle est la méthode de Claude Tresmontant ?
Il commence par comparer le texte hébreu de l'Ancien Testament avec la traduction grecque dite des Septante (destinée aux juifs de la première diaspora qui ne connaissaient plus l'hébreu). Grâce à cette comparaison il constate l'existence d'une correspondance constante entre l'hébreu et le grec. Autrement dit, de toute évidence les traducteurs du Vème siècle avaient mis au point un dictionnaire hébreu/grec pour traduire le texte sacré avec cohérence.
Lorsqu'on a reconstitué ce lexique hébreu-grec traditionnel, on reconnaît aussitôt que tous les textes du Nouveau Testament sont écrits avec ce même lexique; ce qui signifie donc que les Evangiles sont des textes traduits de l'hébreu, selon la même méthode que celle employée par les traducteurs de l'Ancien Testament du Vème siècle avant J-C.
Tresmontant propose plusieurs démonstrations du fait que les textes grecs de nos quatre évangiles sont des traductions mot à mot des textes hébreux antérieurs. Par exemple les jeux de mots qui fonctionnent en hébreu et qui ne fonctionnent plus en grec (Mat 1,21); - Des structures linguistiques propres à l'hébreu, qui sont traduites d'une manière littérale en grec, ce qui donne alors un résultat saugrenu. De plus l'ordre de la phrase est l'ordre hébraïque et non pas grec (en hébreu on place le verbe en tête de phrase, pas en grec). Les expressions typiquement hébraïques décalquées en grec sont souvent inintelligibles pour un lecteur païen de la fin du 1er siècle.
L'ordre hébreu des mots, la structure de la phrase hébraïque, est quelque chose de très particulier. En tête, le verbe, puis le sujet de la proposition, puis les compléments d'objet direct, puis les compléments de lieu, de circonstances, etc. Genèse 13,1: Et il monta, Abram, d'Egypte, lui et sa femme...Genèse 29,1:Et il souleva, Jacob, ses pieds, et il s'en alla au pays des fils de l'Orient...
Ainsi Claude Tresmontant a-t-il entrepris de retraduire les Evangiles en repassant par l'hébreu et en respectant donc la syntaxe du texte original, ce qui selon les mots de Georges Daix (journaliste à "l'homme nouveau" extrait 4/8/91) donne "comme un bain de jouvence" à des textes que nous connaissons bien et que nous avons l'impression de découvrir à nouveau et d'entendre comme les entendait la première génération chrétienne".
"Lorsque nous retrouverons la structure, la composition, la forme, la constitution de la phrase hébraïque dans les Evangiles, nous pourrons être sûrs qu'il s'agit d'une traduction d'un texte hébreu en langue grecque; mais cela ne se voit pas dans les traductions françaises qui sacrifient l'ordre hébreu au profit du génie propre de la langue française."
Il existe deux éditions de cette traduction remarquable; l'une avec toutes les explications de traduction verset par verset, en quatre volumes; l'autre en un seul petit volume très maniable, allégé de ses notes.
Cet ouvrage est seulement accompagné d'une préface explicative et suivi d'un lexique qui permet au lecteur, habitué à d'autres traductions, de voir et comprendre pourquoi tel mot auquel il a été accoutumé a été traduit par un autre mot.
Pour Tresmontant donc, "les documents hébreux originaux sont des notes prises au jour le jour et donc contemporaines du Rabbi". Or la découverte selon laquelle le fragment de papyrus trouvé dans la septième grotte de Qumran et répertorié sous le sigle 7Q5, sur lequel le P. O'Callagham a retrouvé les traces des versets 52 à 53 du chapitre 6 de l'Evangile de Saint Marc, confirmerait les hypothèses de Tresmontant puisque ce manuscrit est antérieur à l'an 50.
Cette découverte du grand philosophe français "est un des faits les plus importants de ces dernières décennies pour l'Eglise", selon le mot de Don Divo Barsotti, auteur de commentaires spirituels de l'Ecriture Sainte (parus en 12 volumes chez Téqui)
P. Mirault
Le Christ hébreu (320 pages) "la langue et l'âge des Evangiles" Claude Tresmontant Correspondant de l'Institut 1983
Du même auteur :
« Le Prophétisme hébreu » Editions Gabalda et Sciences de l'Univers métaphysiques" Edit. Seuil - Présentation de Mgr Jean-Charles Thomas Les Evangiles et l'Apocalypse (en 5 volumes )Les Evangiles (475 pages) aux éditions O.E.I.L., 27 rue de l'Abbé Grégoire, 75006 Paris.
Commentaire (en projet) du livre des auteurs David Bivin et Roy Blizzard Jr : "Comprendre les Mots difficiles de Jésus"
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Claude Tresmontant a enseigné pendant plusieurs années à la Sorbonne la philosophie des sciences. Il y enseigne la philosophie médiévale. Ses travaux et publications portent d'une part sur l'origine de la pensée chrétienne depuis ses origines hébraïques jusqu'à la crise moderniste, et d'autre part sur des problèmes relevant de la philosophie des sciences. Il a obtenu le prix Maximilien Kolbe en 1973 pour l'ensemble de ses travaux. Depuis son premier ouvrage en 1953 à la pensée hébraïque, il n'a cessé d'approfondir sa science de l'hébreu et de s'interroger sur le texte grec des Evangiles. Il travaille en particulier depuis plusieurs années à établir un dictionnaire hébreu-grec.
Les disciples prenaient des notes: celles-ci étaient prises en hébreu (l'araméen était une langue parlée et l'hébreu une langue écrite). C'est tout naturellement que les disciples instruits et lettrés ont noté les propos gestes et actes du Seigneur. Il est même absurde à priori de supposer qu'ils ne l'aient pas fait puisqu'ils considéraient le rabbi galiléen beaucoup plus grand que les prophètes Amos, Osée, Isaïe ou Jérémie dont les oracles avaient été écrits.
Il est vraisemblable qu'il devait exister plusieurs recueils de notes écrites en hébreu. Dans les synagogues du bassin de la Méditerranée, et à Jérusalem même, il se trouvait des frères et sœurs qui ne lisaient pas l'hébreu mais bien la langue grecque. Il faudra donc traduire en grec ces recueils rédigés en hébreu.
Comparaisons intéressantes
GREC |
HEBREU |
En grec, on pense le passé, le présent et l'avenir. |
En hébreu, on pense ce qui est achevé, terminé soit dans le passé, soit dans le présent soit dans l'avenir et ce qui est en train de se faire, soit dans le passé, soit dans le présent, soit dans l'avenir, ce qui continue de se faire, ce qui dure. |
plusieurs mots grecs traduisent un mot hébreu les mots pistis, alètheia, sindon ou othonia un mot grec traduit plusieurs mots hébreux basiléa = royauté il n'existe donc qu'un mot grec pour traduire ces divers termes hébreux |
Le mot dabar = parole Le mot héreb = l'épée
Le mot émounah = de la racine "aman" "être certain de" sadin = tunique de lin
malak, régner, meloukha, malekout, mamelakah, mamelakout etc... tous ont des sens différents |
L'expression "Nouveau Testament" est un simple décalque, et non une traduction, de l'expression latine novum testamentum qui traduit l'expression grecque kainèn diathèkèn, laquelle traduit l'expression hébraïque berit hadaschah qui signifie la nouvelle alliance.
Jérémie 31:31 Voici, des jours viennent, oracle du Seigneur, et je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une nouvelle alliance, non selon l’alliance que je fis avec leurs pères, au jour où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d’Egypte, mon alliance qu’ils ont rompue, quoique je les eusse épousés, dit l’Eternel. Car c’est ici l’alliance que j’établirai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Eternel, Je mettrai ma loi au dedans d’eux, et je l’écrirai sur leur coeur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple; et ils n’enseigneront plus chacun son prochain, et chacun son frère, disant, Connaissez l’Eternel; car ils me connaîtront tous, depuis le petit d’entre eux jusqu’au grand, dit l’Eternel; car je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché.
En traduisant le grec par l'expression française du nouveau testament, on fausse le sens de l'expression grecque sous-jacente et on la rend inintelligible.
Ce phénomène du nouveau testament est constant et l'information originelle n'est pas communiquée. Elle est soit gravement faussée, soit purement et simplement arrêtée dans le passage du grec ou du latin en français, à cause de la funeste manie de la "décalque" des traducteurs.
Lire le mot "évangile" dans l'étude "le choc des mots et les mots qui choquent"
Version des Septante
Il existe plusieurs cas où les Septante n'ont pas voulu traduire le texte hébreu tel qu'il se présentait à eux, tel qu'il était écrit dans les manuscrits hébreux qu'ils avaient sous les yeux, l'hébreu d'origine étant nu et cru.
La chose est vraie aussi en ce qui concerne les noms propres qui en hébreu ont tous un sens. lire YESHOUA
" On rape, on gomme, on rabote l'hébreu, on arrache les ronces, on élimine toutes les expressions hébraïques qui sont impossibles en français et on trouve une traduction lisible qui a perdu toute la sauvagerie de la végétation originale et originelle, on a perdu le sel, le goût, on les a rendus "civilisées" |
Matthieu 1:18
Evangile écrit en hébreu et traduit en grec avant l'année 36
le grec donne : "Elle se trouva ayant dans le ventre, en hébreu "wa-tahar" : elle a conçu. Verset 21 " Elle enfantera un fils et tu appelleras son nom Jésus. Car lui sauvera son peuple de ses péchés" En hébreu : Ve-qaraeta et-schemô Ieschoua ki hou Ioschia et-ammô meavônôteihem ewsy wms-ta tarqw Ve-qaraeta et-schemô Ieschoua wme-ta eyswyawhyk ki hou Ioschia et-ammô Mhytajxm meavônôteihem
Le traducteur de Matthieu grec ne prend pas la peine d'expliquer la structure et le fondement de son raisonnement, qui repose sur l'identité de la racine hébraïque qui se trouve sous le nom propre de Ieschoua et dans le verbe iascha. Puisqu'il ne prend pas la peine de s'expliquer sur ce point, c'est que nous sommes dans un milieu où l'on comprend cela sans explication, parce que c'est évident. Nous ne sommes donc pas dans un milieu de chrétiens d'origine païenne.
Expression impossible en grec = verset 22 : afin que fut remplie la parole (dite par) le Seigneur : cette expression " remplir ce qui a été dit" se retrouve fréquemment dans Matthieu grec= traduction littérale de malle et - debar YHVH expression que l'on retrouve dans 1Rois 2.27.
Marc
L'Evangile de Marc commence par une citation et une traduction de textes prophétiques, Marc 1,2, l'un emprunté à Exode 23:20 :Voici que moi j'envoie un messager devant ta face pour te garder sur la route... l'hébreu maleak, le messager, est traduit par le grec aggelos, qui signifie la même chose, puis décalqué en latin par angelus et enfin en français par ange, qui ne signifie plus rien. A la place d'une notion, d'un concept, il nous reste entre les mains une image. Malachie (c'est-à-dire Maleaki, mon messager) 3:1 : Me voici envoyant mon messager maleaki, et il préparera, il déblaiera la route devant ma face...
Marc 1:11 =: Et il y eut une voix qui venait des cieux : Toi tu es mon fils, le chéri... mot grec agapètos qui peut traduire plusieurs mots hébreux. Genèse 22:2 ... Prends don ton fils, ton unique, et - iehideka, que tu aimes, Isaac hon agapèsas. Dans Juges 11.34 Les LXX ont traduit monogenès agapètè: unique et aimée deux mots grecs pour traduire l'unique mot hébreu iehidah. C'est un phénomène assez fréquent que nous retrouvons sous les textes grecs des Evangiles.
Cantiques 1:13 : Mon Chéri est à moi ... qol dodi en hébreu. Le voici qui vient ! C'est quasiment le mot de passe entre Jean qui baptise dans le Jourdain et le Seigneur : es-tu celui qui vient ? Dans tous les textes du Cantique, le mot hébreu dod est traduit par le grec adelphidos, qui signifie le fils du frère. Ce mot grec adelphidos ne se trouve d'ailleurs que dans la traduction grecque du Cantique.
Lorsque donc la voix qui vient du ciel, c'est-à-dire de Dieu, se fait entendre, - Toi tu es mon fils, - tout le monde, autour de Jean le baptiste, qui connaît les saintes Ecritures, reconnaît les grands textes classiques, Psaume 2:7, Psaume 89.27
Le chéri, c'est le "hatan", celui qui épouse la nouvelle Jérusalem, celui qui vient. On est en présence quasiment d'un texte initiatique réservé à un enseignement oral. Autre expression utilisée par Marc : L'Evangile grec de Marc utilise vraiment beaucoup l'adverbe grec euthus: "aussitôt, tout de suite". Ce mot est la traduction d'un mot hébreu hinneh, voici, utilisé des milliers de fois dans la Bible. Genèse : Et voici une parole de YHVH adressée à lui pour dire... Genèse 24.45 Moi je n'avais pas encore fini de parler ... et voici Genèse 38.39 Et il advint que tandis qu'il retirait sa main, et voici...
Si notre Evangile comporte de nombreuses fois cet adverbe c'est tout simplement que le document qui servait à la traduction de l'hébreu vers le grec comportait souvent ce mot. C'est le premier signe que notre Evangile de Marc est une traduction faite à partir de documents écrits hébreux. D'autres exemples suivent et il y en a des milliers dans l'Evangile.....
le secret intelligible du Royaume de Dieu
Marc 4:11 A vous est donné le secret intelligible du Royaume de Dieu... le mot grec mustèrion recouvre l'hébreu sod qui signifie précisément le secret qui s'adresse à l'intelligence du prophète et qui est communiqué de la part de Dieu Amos 3.7 Car Il ne fait pas adonaï YHVH, une parole, s'il n'a pas révélé hébreu galah grec apokalutô.
A partir du moment où commence le prophétisme hébreu, Dieu le créateur incréé ne fait plus rien, dans l'histoire humaine, sans communiquer le secret intelligible de son dessein à des hommes qui ont été préparés, pré-adaptés par sa création, pour recevoir l'intelligence de ce secret et pour le communiquer à l'humanité à l'intérieur du peuple hébreu tout d'abord. Dans Daniel le mot raz est utilisé en araméen.
Par les mystères du royaume des cieux ou de Dieu, on fausse complètement le sens de cette parole du Seigneur, tout simplement parce qu'en français le mot mystère a pris un sens : l'incompréhensible. Non seulement on a traduit le mot grec - mais ce qui est plus grave, on induit le lecteur de langue française dans une fausse voie, on l'induit en erreur !
D'autres mots comme les mauvaises traduction grecques des septante de Ierusalem mot singulier alors que Yerushalaïm est un mot pluriel tout comme Hashamaïm " les cieux" "Et si ta main est pour toi une occasion de chute"... le mot skandalizè est vague tandis que l'hébreu "kashal" explique le fait de se heurter à un obstacle infranchissable et tomber
Luc, l'évangéliste le plus hébraïsant
La traduction en langue grecque de l'Evangile de Luc est la plus proche de l'hébreu, celle qui laisse dans le texte grec le plus d'expressions hébraïques impossibles en grec, celle sous laquelle le texte hébreu palpite le plus évidemment. Contrairement à ce que disent certains, et que d'autres répètent depuis longtemps, l'Evangile de Luc est le moins grec des quatre et le plus évidemment hébreu, sauf la première phrase qui a fait dire que Luc aurait été un helléniste.
Luc 1:6 " Ils étaient justes tous les deux devant la face (le-phanim) de Dieu. Ils marchaient dans tous ses commandements (mitzevot), et dans ses jugements...
ils étaient tous les deux avancés dans leurs jours bonne vieille expression hébraïque comparer Luc 1.18 et Genèse 24.1 Luc 1.20 " A la place de ce que tu n'a pas cru..." comparer avec Deutéronome 28.62, Nomb. 25.13, 21Sam 26.21, 2R22.17, Isaïe 53.12, Jérémie 29.19...
poser son coeur, imposer à son coeur 2Sam13.20, Luc 1.66, 21.14, 9.44...
"sa face était allant vers Jérusalem" Jérémie 3.12, 21.10, Ez.6.1, 13.17, ...
Au reproche que l'on pourrait faire sur l'éventuelle traduction par Luc lui-même de son Evangile, Luc utilise à chque pas, à chaque phrase, des expressions hébraïques à peine déguisées dans la langue grecque.
Quelques expressions hébraïques typiques
- "Il ne la connût pas" Math 1.25 traduction de IADA union physique de l'homme et de la femme est une union d'âme à âme, authentique connaissance mutuelle réciproque, connaissance sensible, expérimentale, mais aussi spirituelle. En hébreu on ne dissocie pas l'âme du corps puisque un corps sans âme n'existe pas : un corps sans âme est un terme dépourvu de signification.
- "Les fils de la tente nuptiale" benei ha-houphah= pour parler des jeunes mariés Mathieu 9.14
- "fils de ..." : fils de la mort, fils du gros bétail, fils du corbeau, fils de l'homme, fils de prophète, les fils de Juda, les fils du royaume, désignent en hébreu quantité de relations et d'appartenances. luc 10.6 C'est une expression, une manière de penser.
- "relever la face" Luc 20.21 Rabbi, nous savons que tu dis ce qui est juste et ainsi tu enseignes; et tu ne relèves pas la face, mais dans la vérité tu enseignes la voie de Dieu...expression fréquente dans la Bible hébraïque. Le suppliant, dans l'Orient ancien, se prosternait nez contre terre et celui qui voulait lui accorder la faveur de ce qu'il demandait, lui relevait la face, en hébreu nasa panim traduit en grec par lambanein prosôpon qui ne veut pas dire grand chose. Il est impossible que Luc, dans l'hypothèse aujourd'hui majoritaire selon laquelle il aurait écrit -lui ou un autre - cet Evangile directement en grec à la fin du 1er siècle de notre ère, il est impossible qu'un auteur quelconque utilise en langue grecque cette expression, et qui est un pur décalque d'une expression hébraïque fréquente dans la Bible. comparer Marc 12.14, Matthieu 22.16, 1Sam 16.7, Luc 20.34
CONCLUSIONS
Avec nos traductions en langue française qui utilisent les mots français croire et la foi, nous sommes à côté de la plaque, comme on dit aujourd'hui dans le français populaire. Nous avons changé de registre. Nous traduisons les textes des Evangiles, et plus généralement du Nouveau Testament dans un système de référence qui en fausse fondamentalement la signification. Car pour nous, les mots croire et la foi, se situent dans un système de référence commandé par Luther, Pascal, Descartes, et bien d'autres. Pour nous la foi n'est pas une connaissance ni une certitude. En hébreu la "émounah" traduite en grec est la certitude objective de la vérité comme l'implique la racine hébraïque "aman", qui a donné "amen" qui signifie " très certainement".
En français contemporain, la foi est la conviction subjective dissociée de la certitude et dissociée de la connaissance, de l'intelligence. Matthieu 17:20 "car amen je vous le dis, si vous aviez la certitude de la vérité comme une semence de moutarde"
Pour les hébreux, l'existence de Dieu était une question de connaissance et, forcément, de connaissance par l'intelligence. C'est l'intelligence qui découvre Dieu le créateur unique et incréé dans, et à partir de la création, à partir de l'Univers visible…
Extrait d’un ouvrage : les vrais penseurs de notre temps ( Guy SORMAN)
L'Église, selon Tresmontant, utilise une version romantique des Évangiles, un français traduit du latin, qui a lui-même été traduit du grec. La version grecque est traditionnellement considérée par l'Église comme l'« original ». Or, ajoute Tresmontant, « les Évangiles ont été écrits en hébreu, et non pas en grec ». Cette affirmation contient le scandale Tresmontant. Il n'est pas le premier à avancer pareille hypothèse. Un document du XIIIe siècle, conservé à la Bibliothèque nationale, laisse entendre que les Évangiles en grec sont une traduction, mais sans mentionner la langue d'origine. Ce ne peut être que l'hébreu, répond Tresmontant, soutenu par quelques exégètes isolés. La certitude de Tresmontant vient de sa parfaite connaissance du grec et de l'hébreu. Il a constaté que le grec des Évangiles est du mauvais grec, complexe, obscur, truffé de nombreuses fautes de grammaire. Mais si l'on sait l'hébreu, ces fautes n'en sont plus ; elles apparaissent comme la transcription en grec de la syntaxe hébraïque. Or, nous apprend Tresmontant, ce passage mot à mot de l'hébreu au grec est une tradition très ancienne du peuple hébreu. Dès le IVe siècle avant Jésus-Christ, les Juifs dispersés autour de la Méditerranée avaient oublié l'hébreu. Pour qu'il puissent continuer à lire leur livre saint, ils disposaient de transcriptions mot à mot en grec. En rapprochant ces versions grecques et hébraïques de l'Ancien Testament, Tresmontant a réinventé un dictionnaire hébreu-grec tel qu'il aurait pu exister il y a deux mille ans. C'est donc avec ce lexique que Tresmontant a reconstitué, à partir du texte grec des Évangiles, un probable original hébreu. Et c'est à partir de cet original réinventé qu'il nous livre une nouvelle traduction française.
Ce retour aux sources permet à Tresmontant de nous expliquer comment les Évangiles ont été initialement rédigés : non par une, mais par trois personnes — le témoin, le traducteur et le scribe. Le témoin, compagnon de Jésus, dit en hébreu ce qu'il a vu et entendu au traducteur ; celui-ci, à son tour, le dicte en grec au scribe. Tel était, en ce temps là, le mode de rédaction de tous les textes sacrés dans le peuple hébreu. Cela implique que les apôtres — Jean en tout cas — parlaient l'hébreu, contrairement à l'idée reçue selon laquelle l'hébreu avait, à l'époque, disparu. On sait en effet que Jésus, que l'on devrait plutôt appeler par son véritable nom, Ieschoua, s'adressait aux Juifs en araméen. Mais, nous dit Tresmontant, c'est parce que l'araméen était une sorte de patois local destiné à se faire comprendre aisément par le petit peuple. En revanche, les prêtres Juifs, les Kôhanim — et Jean, certainement, en était un — restaient fidèles à l'hébreu, car les textes saints ne pouvaient être transmis que dans cette langue.
http://www.philo5.com/Les%20vrais%20penseurs/25%20-%20Claude%20Tresmontant.htm
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J'ajoute quelques compléments d'échanges trouvés sur ce sujet sur le Forum Messianique de Ruth: ceci afin d'alimenter la réflexion
L''hébreu était compris et toujours parlé à l'époque du Nouveau Testament par le peuple Juif tels que attestés par les versets suivants:
Les Evangiles que nous possédons ne sont pas les originaux. Les copies que l'Eglise catholique romaine ont bien voulu nous donner, ont été traduites en grec et en latin. Les apôtres qui accompagnaient Yeshoua ne parlaient pas le grec, mais bien l'araméen, car c'était leur langue maternelle. Les Evangiles et les épitres que nous avons dans le droit canon sont traduits de la langue grecque. Cette langue était parlée en majeure partie dans le monde, mais ce n'est qu'après 70 de notre ère, car les Evangiles datent environ de cette période. A qui s'adressaient-ils ? Certains évangiles ont été adressés à la communauté juive et d'autres ont été adressé à la communauté des Nations, selon leurs auteurs.