- Les 4 manières de comprendre le millenium en image
- Introduction – pourquoi 4 interprétations ?
- Le Postmillénarisme (vous y êtes)
- Le Prémillénarisme classique
- Le Prémillénarisme dispensationaliste (à paraître)
- L’Amillénarisme (à paraître)
- Conclusion : et si on s’était tous plantés ? (à paraître)
Le déroulement de la fin du monde d’après le Postmillénarisme
Le Postmillénarisme est une interprétation dans laquelle le retour de Jésus survient (comme le préfixe post – après en latin – l’indique) après l’avènement du millénium (période de 1000 ans de paix sur terre). Il est perçu comme un règne intermédiaire terrestre. Le Christ exercera son règne sur terre, mais le dirigera depuis le ciel.
Ce règne va survenir de manière progressive, l’Église militante va finir par devenir l’Église triomphante sous l’action spéciale du Saint-Esprit. Le vrai christianisme va se répandre dans les sociétés, de très nombreuses personnes vont se tourner vers le Christ. Le monde va être, en quelque sorte, graduellement sanctifié par l’Église qui va vaincre le mal et la souffrance au fur et à mesure. Le millénium correspond à un âge où règneront la paix et la justice qui durera pendant un temps assez long, 1000 ans étant compris de manière symbolique. Il sera suivi par une brève période d’apostasie (révolte contre Dieu) et Christ reviendra.
Le sens du millénium
Cette théorie fut populaire aux 17ème et 18ème siècles, reflet de l’ambiance de progrès des lumières, et a nourri largement les efforts des sociétés missionnaires baptistes. Le 19ème siècle a vu naitre une version plus humaniste et sécularisée, avec notamment le socialisme chrétien, où l’on pensait qu’on allait pouvoir établir, par nos efforts, une société juste et durable avec une éthique qui prend modèle sur le Sermon sur la Montagne. Mais cet optimisme a été enterré avec la première guerre mondiale, et le postmillénarisme a été plutôt abandonné jusqu’à maintenant. Notons tout de même une résurgence de cette position avec le courant théonomiste qui prône, entre autre, l’application morale de la loi mosaïque à la société. Le devoir du chrétien, est non seulement la sanctification mais aussi la christianisation de la société, avec comme finalité l’instauration d’une sorte de christocratie.
Cette position a une vision plutôt optimiste du futur, la fin des temps n’est pas une sombre période de catastrophes, cataclysmes et persécutions à redouter. Elle prône à la fois une évangélisation intense et un engagement social fort pour l’amélioration de notre monde. Le postmillénarisme va avoir tendance à adopter un positionnement éthique où, pour que le royaume de Dieu progresse, il faut christianiser la société plutôt que les individus. Là où d’autres positions privilégieront l’évangélisation des individus avant tout, ou alors l’établissement de l’Église comme contresociété.
Qu’en penser ?
Dans cette position, on fait une lecture non chronologique de l’Apocalypse. L’enchaînement de Satan en Ap. 20, correspond à la première venue du Christ[1]. À la croix, Jésus lie Satan, l’empêchant ainsi de séduire les nations ce qui permet à l’Évangile de s’enraciner dans le monde et l’émergence du règne de Christ.
Comme dans la plupart des positions, le règne est un règne terrestre et non spirituel. Même si ce règne est comme téléguidé du ciel par Jésus, il y a tout de même un règne concret du Christ sur terre au travers de l’Église.
Les postmillénaristes font souvent une lecture préteriste de l’Apocalypse, toutes les persécutions annoncées s’accomplissant lors de la destruction de Jérusalem en 70. Tout comme Jésus l’annonce dans Mt 24 disant au sujet du Temple : « il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée » (v. 2).
En dehors de l’Apocalypse, la parabole du grain de moutarde est souvent évoquée : le Royaume de Dieu, est comme une petite graine qui devient progressivement une grande plante. L’Église est ce Royaume de Dieu qui grandit progressivement jusqu’au retour de Jésus. L’autre texte qui joue un rôle clef est l’envoi en mission des Disciples par Jésus dans Matthieu 28, l’autorité dont jouit Jésus se réalise concrètement dans la mise en place d’un Royaume de Dieu concret au fur et à mesure que l’Évangile se répand sur terre.
Ce qui est reproché au postmillénarisme est, avant tout, un excès d’optimisme qui sous-estime le thème de la persécution. La souffrance, le rejet, sont des composantes habituelles de la vie chrétienne. Paul qualifie le monde actuel de soumis à la frustration dans Romains 8 (un passage parmi tant d’autres), dont les douleurs ne cesseront que lors de la rédemption finale : la résurrection (v. 23). En attendant, la vie du Chrétien est marquée par « La détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le péril, ou l’épée » (v. 36), parce que tout comme le monde a rejeté le Maître, il rejette ses disciples considérés comme des moutons à égorger (v. 37).
De même, l’Apocalypse, s’adresse précisément à des chrétiens qui sont persécutés, et son message est précisément d’encourager ces chrétiens qui semblent défaits alors qu’en réalité le Christ règne. Elle semble plutôt annoncer une situation de persécution et de détresse pour l’Église au cours de l’histoire. Dans Ap 7, par exemple, l’Église triomphante, c’est l’Église qui est passée par la détresse pas celle qui règne dans la société.
La Bible enseigne que l’Évangile va se répandre dans le monde, pas qu’il va le convertir. Elle annonce qu’il va toucher un nombre de gens et nous pousse à l’annoncer partout dans le monde. L’idée de progrès n’est pas absurde, à priori, et existe bien sûr mais de là à affirmer qu’il va produire une société proche de la perfection christique, le Nouveau-Testament ne semble pas donner d’indices assez précis qui vont dans ce sens.
Après, on verra bien ce que l’Esprit produit.
[1] L’amillénarisme défend une position similaire quant à l’enchaînement de Satan et sera argumentée avec plus de détails dans l’article concernant l’amillénarisme.