Parce que ces deux paraboles traitent d’un tout autre sujet que la Rédemption (l’œuvre de réconciliation accomplie par Christ). Elles parlent de la valeur inestimable du royaume des cieux et de la nécessité pour l’homme d’en prendre possession et de tout mettre en balance pour le conserver. Un peu à l’image de l’expérience d’Israël avec Canaan : Dieu leur donna un pays qui devait cependant être conquis de haute lutte.
Cette vision (et cet enseignement donné ici) est confirmé par un autre pardaoxe qui apparaît dans les évangiles, qui nous montrent que lorsque Jésus exerce son ministère de compassion et de grâce, il donne gratuitement et sans compter : il guérit sans RIEN demander en retour, sans poser aucune condition à la bénédiction, ce qui était conforme à la prophétie d’Esaïe 55/1:
« Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, Même celui qui n’a pas d’argent! Venez, achetez et mangez, Venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer! »
Mais lorsque les gens veulent Le suivre, Lui, lorsqu’ils veulent faire partie de ses proches, de ses disciples, hériter de ses dons, unir leur vie à la Sienne, alors il formule clairement des conditions qui exigent TOUT d’eux:
Luc 14/33 : « Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à TOUT ce qu’il possède ne peut être mon disciple.»
Luc 18/22 : « vends TOUT ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis, viens, et suis-moi.»
Nous constatons donc que lorsque les gens veulent la grâce, la bénédiction, le soulagement, le pardon, la guérison, la délivrance … ils reçoivent toutes ces choses gratuitement. Mais s’ils veulent le Seigneur, alors ils seront amenés à réaliser un choix entre ce qu’ils possèdent (dans leur vie naturelle) et ce qu’ils désirent (la vie éternelle), Christ, c’est-à-dire sa lumière, sa pureté, sa sainteté, sa vérité, sa bonté, son amour infini.
Il y a donc une très grande différence entre les choses de Dieu, et le Seigneur Lui-même. Et la différence, c’est le gouvernement : à qui êtes-vous réellement soumis ? Quels intérêts servez-vous ?
Les vôtres — en préservant votre sécurité, votre confort — ou bien les intérêts du Seigneur, les intérêts de l’évangile ? Sommes-nous en train de “faire” notre religion, ou de suivre la nuée imprévisible, exigente, aux valeurs sur-humaines ?
L’Évangile véritable n’a pas pour but de faire de nous des consommateurs de messages (même excellents) ou des consommateurs d’onction, mais de de nous unir à Christ, par les moyens de sa grâce, de sa bonté, de ses dons parfaits, des effets de son amour, de la connaissance, etc :
2 Cor. 11/2 : «Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge pure»
La marche chrétienne, la bénédiction, la grâce, le service, la vérité, sont des moyens au service d’un but. Et le but, c’est la personne du Seigneur.
Nous ne pouvons pas comprendre ce but (et le chemin qui y mène) comme un concept intellectuel car ce qui est humain et terrestre ne peut pas vraiemnt le comprendre, et peut s’y opposer éventuellement (lorsque nos intérêts vitaux sont en jeu). Il faut donc l’expérimenter, sur la base d’une confiance. Ce qui nous aidera, c’est de prendre conscience de l’état réel du cœur humain — de notre propre cœur — son incurabilité, pour commencer à soupirer après un autre cœur… Il faudra même parvenir à un endroit particulier, un point de vue spécial, élevé, d’où on se rend compte que même la cohabitation du Saint-Esprit dans l’humain n’est pas encore l’assurance que Dieu atteindra son dessein pour nous. Car il faut qu’entre en jeu le principe de la Croix, et qu’il soit accepté par nous, comme Christ l’a accepté pour Lui.
Comme les Hébreux dans le désert, vous pouvez manger la manne tous les jours, et ne pas vouloir du gouvernement de Dieu sur votre vie. Vous pouvez vous targuer d’être conduits par Dieu à cause de quelques résultats mais ne pas vouloir de son gouvernement sur votre existence. Vous pouvez chasser des démons, et ne pas vouloir du gouvernement de Dieu. Vous pouvez prophétiser, doctoriser, pastoriser … et donc avoir commerce avec la Maison de Dieu, mais pas avec le Dieu-Roi. Vous pouvez croire, expérimenter la foi, mais demeurer vous-même le maître de votre destin… Dans ce cas, il est avéré, d’un point de vue spirituel, que cet évangile a pour but l’Homme, et non Christ et sa seigneurie.
C’est précisément pour cette raison que certains disent à la fin : « Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom?», et qu’ils reçoivent cette réponse terrible : «Alors je leur dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité » (Matthieu 7/22 et 23).
Ils ne l’ont pas connu comme Seigneur-Maître, dans le sens d’une fiancée qui renonce à sa liberté et à son indépendance pour appartenir à son époux. Ils ont abondamment usé de son titre de Seigneur, mais d’une manière dénaturée, vidé de son sens. Ils ne l’ont pas connu, c’est pourquoi Lui-Même ne les as pas connus.
Pourquoi ? Parce que leur évangile avait l’Homme pour but. Parce qu’eux-mêmes ne l’ont pas connu, dans le sens qu’ils ne se sont pas unis à Lui. Dans notre civilisation occidentale, le sens du mot “connaître” est différent du sens biblique. Le “connaître” biblique implique une idée d’union/d’unité, de faire un, dans une analogie à l’union de deux êtres au travers du mariage, par exemple. C’est de cette manière-là que nous sommes appelés à connaître Christ (Philippiens 3/10) pour que notre volonté propre s’unisse à la Sienne, et qu’en L’épousant elle Le reçoive comme son Seigneur, car Il est digne de toute confiance et de toute foi.
Mais si nous voulons simplement expérimenter une certaine forme d’adhésion à la Vérité, à la Justice et à l’Amour, tout en conservant notre liberté, alors nous évoluerons en dehors de Lui. Fatalement. Nous expérimenterons certaines choses dans la sphère de sa maison, ou de son royaume (Luc 13/26), mais sans Le connaître dans une unité/symbiose telle qu’elle est prévue et voulue pour notre bonheur.
2 Corinthiens 5.15 : «Jésus est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux–mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux»
Pourquoi Dieu a-t-il fixé comme But l’union à Christ et non pas le bonheur terrestre ?
Parce que le Seigneur, c’est la fin de nous-même. Et que la fin de nous-même, c’est le secret du vrai bonheur. Ce n’est pas que Dieu veut que nous disparaissions, ou que notre personne n’ait pas d’importance, mais parce que l’ancienne création inféodée au péché doit accepter volontairement — et même désirer — entrer dans la nouvelle. C’est là le sens de l’expression : « renoncer à tout ce qu’il a ». Et c’est cela que signifie : « vendre tout ce qu’il possède ».
Telle doit devenir notre espérance, au fil du temps et des inévitables déceptions du chemin. Jusqu’à ce que nous disions : «Viens, Seigneur Jésus» (Apoc. 22/20).
Le christianisme dans son approche première (horizontale, terrestre), se positionne essentiellement dans la satisfaction des besoins humains, qui sont innombrables. Et Dieu pourvoit en partie à cet objet, rendu nécessaire par les ravages du péché dans la nature humaine.
Mais le dessein de Dieu va plus loin. On le voit dans l’histoire de l’Exode : dans une certaine circonstance, ils ont soif et Dieu donne à boire. Dans une autre circonstance, ils ont faim et Dieu donne à manger. Dans une autre circonstance, ils affrontent des ennemis supérieurs en nombre, alors Dieu détruit leurs adversaires. Dans une autre circonstance, ils sont égarés et Dieu les conduit. Etc … Mais ce mode relationnel ne permet pas de traiter la question de la nature humaine centrée sur elle-même. Au contraire. La mère de toutes les batailles, c’est celle du cœur humain, duquel jaillissent les mauvaises pensées. Il a donc été nécessaire que dans ces déserts, l’ancien Israël meure pour qu’un nouvel Israël entre en Canaan.
Apocalypse 19/10 : « l’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus.»
Cette vision — l’exposition présente du but véritable de l’Évangile, à savoir l’union avec Christ — vient littéralement téléscoper et s’opposer à l’évangile de l’Homme, l’évangile humaniste, religieux, charnel, qui a pour but l’humain, dont le but est d’utiliser l’évangile pour accéder à une meilleure vie, pour qu’il vienne résoudre nos problèmes, guérir nos maladies, réparer les injustices et nous donner, éventuellement, de conquérir et de dominer le monde — supposément pour Christ. Ce désir, partagé par toutes les religions depuis la nuit des temps, représente le niveau zéro de la vision spirituelle qui parcourt la révélation des Écritures, dans leur ensemble.
La voie de l’évangile charnel qui a l’Humain pour but va malheureusement dépouiller l’Église de Jésus-Christ de son véritable ministère prophétique, de son influence en sainteté et en jalousie pour Dieu, le Créateur du monde, pour Christ. Déchue de son rang prophétique, l’église de l’évangile humaniste va rétrograder pour devenir un simple acteur moral et philosophique. Et le sel aura perdu sa saveur.
Si nous reprenons les deux paraboles, nous remarquons un autre verbe qu’elles ont en commun, c’est le verbe TROUVER. Le racheté qui a trouvé, sera conduit (comme le jeune homme riche et comme les candidats disciples, c’est-à-dire ceux qui désirent Christ) vers l’acquisition du royaume de Dieu. En vendant tout ce qu’il a pour conserver le don qu’il a trouvé. En donnant son bien le plus précieux : sa propre vie, (son temps). En consacrant le reste de son destin au Seigneur.
Dieu veut voir ce caractère (chercher la perle) se manifester et se développer parmi ses enfants, pour deux raisons :
– la première, c’est que «ce sont les violents qui s’emparent du royaume de Dieu» (Mat. 11/12)
– la seconde c’est que nous avons reçu le droit —et le pouvoir— de prendre une place qui nous est contestée (par l’ennemi), «celle d’enfants de Dieu» (Jean 1)…
Romains 8/17 : «Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui».
Pour conclure, nous voyons dans ces deux paraboles un autre dénominateur commun, c’est la JOIE d’avoir trouvé quelque chose de précieux, de désirable et surtout d’ESSENTIEL, au point de motiver une démarche d’acquisition de ce bien, pour lequel nous abandonnons TOUT.
La découverte du trésor remplit l’homme de joie, et ce sentiment va imprégner par la suite toutes ses décisions. Dans sa joie, il va, il vend tout, et il achète le champ. Il y a un sacrifice à faire pour obtenir le terrain, mais cela est largement compensé par la joie que ressent cette personne. La joie est vraiment l’agent du changement. Elle rend l’homme apte au renoncement qu’il doit pratiquer « pour trouver Christ, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Colossiens 2/3).
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JPrekel®www.lesarment.com
Message donné à l’Église du Plein Évangile le 7 février 2016
Source: https://lesarment.com/2016/05/le-royaume-des-cieux-et-levangile-terrestre/